Aujourd’hui était organisée la « 15ème Matinée Export INTERCEREALES sur le thème : « La filière céréalière française face à la menace russe ».
M. Franck Riester, Ministre délégué chargé du Commerce Extérieur, a souligné l’importance des échanges agricoles et agroalimentaires (excédent de 10 Md€ en 2022) dans la balance commerciale française, malgré une accumulation d’aléas climatiques, sanitaires et géopolitiques ces dernières années. De son côté, la Russie a fait de l’agriculture et de l’alimentation une arme de déstabilisation de l’Europe et de l’Occident.
M. Julien Vercueil nous a ensuite décrit une économie russe « touchée mais pas coulée » après 2 ans de guerre. En effet, si l’inflation et la faiblesse du rouble sont des signaux de vulnérabilité, le PIB russe a rebondi de 3.5 % en 2023 et devrait croître de 2 à 2.5 % en 2024, avec une réorientation de l’économie vers l’Inde et la Russie.
De son côté, M. Thierry Vircoulon est remonté aux sources de la « Russafrique », avec la relance de la présence russe sur le continent depuis 2010 puis son accélération par l’entremise de la Galaxie Wagner depuis 2017, avec des objectifs clairs : « évincer l’Europe » du continent, montrer que la Russie n’est pas isolée, développer une coopération militaire, contourner les sanctions et créer des troubles au sud de l’Europe.
Enfin, les experts d’Intercéréales nous ont détaillé les effets de cette politique russe sur les principaux marchés de la planète. En quelques mots :
– Des investissements chinois massifs sont prévus à l’est de la Russie et des terres (100 000 ha) sont louées à des producteurs chinois
– Egypte : le blé russe a chassé le blé ukrainien et assure 70 % des flux
– A. Saoudite : la Russie est passé de 0 à 80 % des flux en 5 ans
– Algérie : sur ce marché historique du blé français, le blé russe occupe la place de fournisseur n°1
– Maroc : la part de marché des blés russes oscille entre 0 et 10 % depuis 2015. Le financement d’achats en Russie reste problématique
– AFSS : les ventes russes ont chuté depuis la guerre, en lien avec des problématiques de financement
– Au final, les céréales ukrainiennes se redirigent massivement vers l’UE
Une perspective se dessine à l’issue de ces présentations : et si la Russie mettait la main sur l’ensemble de l’Ukraine et de son grenier céréalier ⁉ Le Kremlin disposerait alors d’une arme de 150 à 200 MT de céréales à même d’imposer sa loi, ses prix, ses conditions aux importateurs et à ses concurrents. Inquiétant !
La Bourse de l’Exécution s’est ouverte à la mi-journée. Les (très) nombreux opérateurs présents ont pu échanger sur leurs opinions de marché, l’état des cultures d’hiver, les perspectives pour les semis de printemps, les stocks abondants en culture…
Un grand merci aux équipes INTERCEREALES et Agro Paris Bourse pour cette belle journée !
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