La campagne 2021/2022 restera marquée par des prix records et une volatilité extrême sur les marchés des grains, dont les causes racines sont à rechercher quelques années en arrière.
D’un cycle d’excédent à un cycle de tension
Tirée par la croissance démographique et économique mondiale, la consommation mondiale de céréales (maïs, blé, orges) a progressé de près de 60 % depuis le début des années 2000, pour atteindre plus de 2.1 milliards de tonnes sur la campagne 21/22.
La production tente de suivre, mais les épisodes de déficit (2003, 2007, 2010, 2012) alternent avec des périodes d’excédents (production > consommation), comme entre 2013 et 2017 (voir graphique).
Depuis la récolte 2018, les bilans céréaliers sont en tension permanente. Pour couvrir ses besoins, le monde doit avoir recours aux stocks, qui fondent régulièrement (particulièrement en blé). Sur la campagne 2022/2023, le bilan consolidé mondial s’annonce déficitaire pour la 3ème fois en 5 ans (USDA).
Chine, climat, Ukraine, euro : 4 facteurs d’accélération
Ces dernières années, plusieurs facteurs sont venus accélérer la tension sur les bilans et, in fine, sur les prix :
- Le regain d’appétit de la Chine pour les céréales (blé, orge, maïs), dont les importations cumulées moyennes sur la période 2020 à 2022 ont presque triplé par rapport aux historiques
- Une succession d’accidents climatiques, au Brésil, en Amérique du Nord et en Russie, qui ont réduit les récoltes mondiales
- L’éclatement de la guerre en Ukraine qui bloque ou perturbe l’accès de millions de tonnes de grains aux marchés mondiaux
- Le recul de l’euro face au dollar, augmentant le potentiel haussier sur notre marché européen (le marché mondial se traitant lui en dollar).
Des prix records et une volatilité extrême
Double conséquence de ce contexte purement fondamental, dont les causes racines remontent donc à plusieurs années : des prix records sur les marchés et une volatilité (amplitude des cours) extrême.
Illustration avec le blé : les prix ont atteint un sommet à 450 €/T, et l’amplitude annuelle de 250 €/T (écart entre les prix en juillet 2021 et en mars 2022) est 5 fois plus élevée qu’en temps « normal ». Autre indicateur : 1 jour sur 2, les opérateurs de la filière doivent gérer avec des amplitudes de plus de 10 €/T. Soit un risque souvent plus élevé que la marge dans les métiers de la collecte !
Quelles perspectives ?
Les prix des grains ont fortement reculé depuis la mi-mai sur Euronext :
- Blé : – 94 €/T, soit -21.5 %
- Colza : -205 €/T, soit -28 %
- Maïs : -81 €/T, soit -21.5 %
En effet, face à un contexte macro-économique incertain (inflation, hausse des taux, risque de ralentissement économique, demande incertaine), les opérateurs financiers réduisent fortement leurs positions longues. L’espoir de voir s’ouvrir des corridors maritimes depuis l’Ukraine – espoir bien illusoire à court terme – aura favorisé ce mouvement.
S’il n’y a pas matière à craindre une pénurie mondiale de grains, les grands équilibres entre offre et demande demeurent à ce jour très incertains. Notons quelques points clés :
- La Russie attend une récolte record (89 MT de blé). Quels volumes seront mis sur le marché et dans quelles conditions ?
- L’Ukraine, qui doit faire face à un blocage de ses ports, doit exporter ses stocks 2021 et la récolte 2022 qui arrive.
- Face à des prix mondiaux qui restent élevés, quelle sera la capacité des pays importateurs à maintenir leur niveau de demande ? Celle-ci peut-elle être impactée par un ralentissement économique mondial ?
Les scénarios de prix restent très ouverts à ce stade, et d’autres mouvements violents sont à craindre dans les prochaines semaines et les prochains mois.
Pour garder le cap et traverser cette période volatilité, une démarche de gestion du risque adaptée à chaque entreprise reste la meilleure solution.
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